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Le duc de Wasserland, membre de la délégation zollernoise du congrès, aimait à se rendre dans des endroits communs à des heures peu communes. Ainsi, lorsqu'il avait appris la présence d'une boulangerie dans l'enceinte du Congrès, il avait décidé d'y faire un tour - point dérangé par le fait minime que le Congrès n'ait pas débuté.
Les couloirs étaient à demi-éclairés, les hautes baies vitrées ne diffusant qu'une faible lueur orangée. Le jour touchait à sa fin, raison de plus pour le duc de tenter sa chance afin de voir si la boulangerie serait ouverte.
L'établissement était minuscule, installé dans un coin, comme si les personnes qui avaient conçu ce lieu n'avaient jamais eu connaissance de l'importance centrale des croissants dans la diplomatie archipélienne.
"Le Croissant d'Or" dégageait néanmoins un charme évident, son enseigne peinte en lettres d'or, ses petits rideaux pourpres, son comptoir impeccable orné simplement d'une de ces machines modernes qui comptent l'argent des commerçants fainéants. Les petits drapeaux au mur indiquaient que le vendeur parlait plus de quinze langues, et le duc l'aurait bien mis à l'épreuve s'il n'avait été tant surpris de voir la boulangerie ouverte.
"Un croizzant, Exzellenze?
- Zela ezt-il donc zi évident? répondit le duc, surpris qu'on reconnut en lui un Zollernois. Etait-ce la moustache, le costume d'ambassadeur brodé de fil d'or, la canne à pommeau d'argent, ou même le haut-de-forme? Un rien vexé, il poursuivit :
Je vous prendrais un croizzant au beurre et amandes, incruzté de pépites de cacao et nappé de caramel. Vous n'imaginez pas comme le voyage juzqu'ici est éprouvant.
- Pas de problème, Monzieur."
Effectivement, il reçut son souhait sur une assiette de faïence. Le croissant semblait sortir tout juste du four ; tiède mais non brûlant, il embaumait l'air d'un délicieux parfum sucré.
La première bouchée lui rappela son enfance dans le Silverstein, les folles courses jusqu'à la boulangerie du vieux Hermann ; la seconde, ses folles extravagances lorsqu'il débutait, il y a près de quarante ans, dans la diplomatie. La troisième lui ouvrit les yeux sur un fait regrettable : l'assiette était vide, et il était l'heure de rentrer.
Les couloirs étaient à demi-éclairés, les hautes baies vitrées ne diffusant qu'une faible lueur orangée. Le jour touchait à sa fin, raison de plus pour le duc de tenter sa chance afin de voir si la boulangerie serait ouverte.
L'établissement était minuscule, installé dans un coin, comme si les personnes qui avaient conçu ce lieu n'avaient jamais eu connaissance de l'importance centrale des croissants dans la diplomatie archipélienne.
"Le Croissant d'Or" dégageait néanmoins un charme évident, son enseigne peinte en lettres d'or, ses petits rideaux pourpres, son comptoir impeccable orné simplement d'une de ces machines modernes qui comptent l'argent des commerçants fainéants. Les petits drapeaux au mur indiquaient que le vendeur parlait plus de quinze langues, et le duc l'aurait bien mis à l'épreuve s'il n'avait été tant surpris de voir la boulangerie ouverte.
"Un croizzant, Exzellenze?
- Zela ezt-il donc zi évident? répondit le duc, surpris qu'on reconnut en lui un Zollernois. Etait-ce la moustache, le costume d'ambassadeur brodé de fil d'or, la canne à pommeau d'argent, ou même le haut-de-forme? Un rien vexé, il poursuivit :
Je vous prendrais un croizzant au beurre et amandes, incruzté de pépites de cacao et nappé de caramel. Vous n'imaginez pas comme le voyage juzqu'ici est éprouvant.
- Pas de problème, Monzieur."
Effectivement, il reçut son souhait sur une assiette de faïence. Le croissant semblait sortir tout juste du four ; tiède mais non brûlant, il embaumait l'air d'un délicieux parfum sucré.
La première bouchée lui rappela son enfance dans le Silverstein, les folles courses jusqu'à la boulangerie du vieux Hermann ; la seconde, ses folles extravagances lorsqu'il débutait, il y a près de quarante ans, dans la diplomatie. La troisième lui ouvrit les yeux sur un fait regrettable : l'assiette était vide, et il était l'heure de rentrer.
